Chapitre 8
Kiné
J'ai peur! Peur de cette hypocrisie dont certains font preuves. On voit une personne malade qui avait besoin d'une ordonnance de 4000fcfa elle voit personne. Mais des qu'elle meurt on dirait que les gens deviennent riches tout à coup. C'est quoi l'explication ? Ils ont peur de la mort ? Ou leur miséricorde ne voit le jour qu'à ces moments ?
Les gens qui venaient me présenter leurs condoléances déposaient des enveloppes ou des billets mauves. Où se trouvaient-ils quand mon père avait besoin d'avocat ? Quand on s'est vu obligé de vendre notre maison, nos voitures ? Ils étaient sûrement entrain de jouir de nos malheurs.
Trois jours que nos parents sont partis. Trois jours où je n'arrivais pas a m'y faire. Trois jours où je faisais semblant de rester calme en vain. Trois jours que je voyais des gens défiler avec leur hypocrisie qui puait à des kilomètres. L'administrateur de notre université était venu avec le personnel. Mes camarades de classe étaient venu. Ces camarades qui n'arrêtaient pas de me mener la vie dure. Même les parents d'aby sont venus. Et même Aby est venu. Ce jour là j'ai failli lui dire de partir si ce n'était pas Aida qui m'avait retenue.
Malick et les stagiaires etaient aussi venus avec Jamil dans la soirée. Jamil je me demande si Dieu ne l'a pas envoyé exprès pour moi. Il arrivait à me calmer rien qu'en me serrant dans ses bras.
Le lendemain vers 12h j'étais dans la chambre quand j'ai entendu des cris dehors. Je suis sortis en courant et de l'autre côté de la maison j'ai vu mon frère venir. On dirait qu'il était énervé avec la façon dont il marchait puis j'ai vu des femmes venir vers ma grand-mère qui était assise dans la véranda.
- il se passe quoi là demande grand-mère?
- votre petit fils à renverser nos marmites. Il dit que personne ne va cuisiner....dit l'une des femmes.
Ma grand-mère cherchait mon frère des yeux. Celui-ci était déjà à notre hauteur.
- c'est un décès ou un mariage ? Vous êtes là vous parlez vous rigolez vous mangez et puis quand vous en avez envie vous pleurez. Vous pleurez qui? Ma mère ? Mon père ? Vous voulez leurrer qui je veux savoir.
- Bocar c'est pour les hôtes ils vont manger quoi ? Demande ma grand-mère.
- les hôtes ? Quels hôtes ? Est ce que au moins ils connaissaient mes parents ? Étaient-ils là quand on a eu besoin d'eux ? TOI GRAND-MÈRE TU étais OÙ ? A TU AIDAIS MON PÈRE ? NON TOUT CE QUE TU VOULAIS C'EST QUE MA MÈRE DIVORCE. SI VOUS ET TOUS CE QUI ONT EMMENÉS CES LIASSES DE BILLETS AVAIENT PAYÉ LA CAUTION peut-être qu'il n'aurait jamais eu à mourir en prison comme un moins que rien. Et on garderait toujours notre maison et maman ne serait jamais parti. Restez ici c'est être en accord avec ce que vous faites. Je quitte ici....
Bocar essayait de me retenir mais il ne savait pas que j'étais à bout je ne supportais plus . Je me suis détaché de lui pour aller dans la chambre. de toute façon j'avais pas beaucoup d'affaires ici. dehors j'ai retrouvé Bocar qui m'attendait. Sans un mot je suis sorti de la maison suivi de mon frère. Dès que j'ai mis un pied dehors j'ai vu Jamil garer sa voiture. Vous êtes sûr que c'est pas un ange ?
- vous allez quelque part ? Demanda-t-il
- partout sauf ici.
Sans rien dire il a ouvert la porte de devant mais j'ai préféré m'asseoir derrière. J'avais besoin de pleurer, pleurer pour oublier, pleurer pour évacuer mes peines.
J'entendais Bocar et Jamil discutet mais je faisais pas attention.
La voiture s'est arrêté devant son appartement. Jamil m'a donné les clefs pour que j'ouvre la porte. Lui et mon frère sont restés dehors. Ils sont restés là bas un moment avant d'entrer.
Mon frère est resté un moment puis m'a dit de l'attendre ici.
Jamil lui essayé de me parler mais je n'avais aucunement envie de parler.
- tu sais ma sœur va bientôt revenir et j'ai acheté une maison. Ma fiancée aussi va venir donc je veux que tu m'accompagne là-bas et tu vas me dire si j'ai bien choisi.
- pas aujourd'hui Jamil.
- demain alors?
- peut-être
- regarde-moi kiné hey..
J'arrivais pas à le fixer car j'avais déjà commencé à pleurer.
- s'il te plait arrête tu vas juste te faire du mal. Oui c'est dure je sais c'est très dure mais sois forte la mort fait partie de notre routine. Je sais que ce sera difficile pour toi de te reprendre de reprendre goût à la vie mais tu y arrivera. Je t'ai déjà dit que tu peux compter sur moi. Reste pas dans ta bulle évite de trop réfléchir ça te donne des idées noires.
- j'essaye sniff je te jure que j'essaye mais c'est trop dure c'est trop dure Jamil. Ma mère mon père... Tu sais je ne peux pas expliquer ce que je ressens. C'est comme si j'étais enfermé dans un endroit sombre et étroit, comme si je manquais d'air. Je n'en peux plus je préfère...
- chut ne dis pas ça non je t'interdis de dire ça...
- je n'en peux plus Jamil je n'en peux plus.
- viens là
Il m'a pris dans ses bras et m'a serré fort. J'avais besoin de cette étreinte, de cette affection. Je ne sais pas combien de temps suis restée dans ses bras mais je me suis sentie mieux après cela.
Bocar m'a envoyé un SMS pour me dire de ne plus l'attendre qu'il avait des choses à régler.
- j'y vais Jamil.
- mais tu n'es pas obligé de partir voyons reste ici. Tu sera seule là-bas
- non-non c'est pas grave Aïda est là-bas.
- je te dépose alors.
- d'accord.
Une fois chez moi je me suis enfermé dans ma chambre. Je ne pouvais pas dormir alors suis partie dans la chambre de ma mère. Elle était intacte comme on l'avait laissé ce fameux jour. Son parfum était toujours dans l'air. Son PC sur la table de travail, son chapelet sur la natte. La chambre était impeccable. Ma mère a toujours aimé l'ordre. Dans un coin les valises de mon père était posé en pile. Au moment de sortir son téléphone que j'avais dans les bras avait sonné. C'était son opérateur.
Son écran d'accueil était une photo de nous. Maman avait toujours ce sourire qui faisait fondre les plus grands icebergs du monde. Je me suis allongé dans le lit de ma mère serrant son oreiller pour ainsi sentir sa présence.
Mon frère est revenu le lendemain matin il avait l'air fatigué. Je l'ai convaincu de se reposer dans la chambre de ma mère. Dix minutes plus tard je l'ai retrouvé entrain de dormir. Il avait le visage tellement triste. Je me suis senti un peu égoïste. Lui aussi il souffrait. Il essayait de rester fort devant moi mais il souffrait vraiment.
À l'heure du repas Aïda m'avait appelé. J'avais pas faim, j'avais pas envie de voir la nourriture. J'avais pas....
Jamil est venu vers 17h pour lui il est impérative de L'accompagner dans sa nouvelle maison. Mon frère lui aussi avait insisté alors j'y suis allée. Il roulait vers la ville et j'étais surprise de voir la voiture entrer dans notre ancienne quartier. Mais ce n'était rien comparé à ce que j'avais ressentis quand elle s'est arrêté devant la maison, devant notre maison. Je ne comprenais rien mais je ne disais rien non plus. Je me suis contenté de le suivre.
Rien n'avait changé. Jamil est entré dans la chambre d'en bas moi suis montée en haut. La première chose que j'ai fait c'est d'entrer dans ma chambre, enfin mon ancienne chambre.
Jamil m'a retrouvé là-bas.
- tu pleurs ?
J'ai essuyé mes larmes avec ma main avant de répondre.
- suis nostalgique.
- de tes parents ?
- de cette maison. Tu sais que c'était notre maison.
- comment ça ?
- on habitait ici avant de... Bon. Et ici c'était ma chambre.
- désolé je savais pas .
- non t'inquiète je suis contente que ce soit toi le proprio je te jure Jamil.
- tu sais quoi cette chambre restera tienne personne ne va y entrer tu sera libre de venir quand tu veux.
Pour lui montrer ma gratitude je me suis contenté de lui sourire. Encore une fois vous êtes sûre que ce n'est pas un ange ?......
A suivre...
Histoires courtes par: Breton EK
Facebook Profile: Breton EK.
Login To Leave a Comment