Chapitre 4
Le procès de mon père approchait à grand pas et cela me foutait la trouille. J'y pensais à chaque fois que j'étais seule et même en classe. Quand je voyais Jamil il essayait de me réconforter. Il me faisait du bien rien qu'en lui parlant. Je suis proche de mon frère mais il y'a certaines choses dont je ne peux discuter avec lui mais avec Jamil je dévoile tout. Il sait m'écouter tout en me conseillant.
Le samedi quand je suis descendu vers 12h j'ai su que je ne devrais pas compter sur l'école pour un stage. On dirait que partout c'est l'argent qui domine. J'ai su que Aby avait obtenu un stage alors que ses notes ne peuvent même pas rivaliser avec les miennes.
Moi j'avais aucune connaissance en la matière. Je ne savais pas comment faire pour trouver un stage. Je dois dire que dans ma vie je n'ai pas eu à faire grand chose. Mon père lui s'occupait de tout et maintenant je sais que c'était à mon défaveur. Les parents devraient nous donner plus de responsabilité. Au faite non ! Nous on devrait prendre beaucoup plus de responsabilités, on devrait pas laisser nos parents s'occuper de tous. L'autonomie cela compte beaucoup car les parents ne sont pas immortels, un malheur est vite arrivé. Mais pourquoi même je pense au malheur ? Tout ira bien, fis-je en guise de consolation.
J'ai pris le bus jusqu'au terminus et le reste je marchais. C'était pas vraiment loin de chez moi jusqu'à 5 à 7 minutes mais quand on a l'habitude de conduire un "Skoda" marcher c'est de la torture.
Je poussai la porte quand j'entendis la chanson de Sia, "Never Give Up" qui venait de mon téléphone.
"I've battled demons that won't let me sleep. Called to the sea but she abandoned me. But I won't never give up, no, never give up, no, no
No, I won't never give up, no, never give up, no, no"
Je me suis laissé bercer un moment avant de répondre.
- salut Jamil.
- salut. Tu es descendu ?
- bah oui je suis même chez moi ni.
- ha yeah pourquoi tu ne m'as pas appelé ?
- heu désolé Papa mais tu vois je veux pas déranger.
- qui est ton papa ? Redis pour voir. Et puis tu dérange jamais. Tu vas bien j'espère ?
- perfect.
- cool donc je te laisse à plus tard.
J'étais déjà à notre étage quand il a raccroché. J'ai passé dans la chambre de ma mère mais c'était fermé. Elle était sûrement pas revenu. J'ai alors tapé à la porte de notre voisine Aïda.
- toc toc tu es là ?
- Kiné entre. Legui la douguou. J'étais dans la cuisine.
- ani agne bi?( où est le dejeuner ?)
- en cuisson.
Aida etait une fille super. Depuis peu on partageait les repas. Elle faisait le ménage tôt le matin dans un entreprise et vu que maman travaillait et moi j'étudiais, elle nous aidait. On lui donnait la dépense et elle cuisinait pour nous. On mangeait tous ensemble comme si on se connaissait depuis des lustres.
Après avoir papoté avec elle j'ai pris un bain avant de m'allonger un peu. Maman est revenu vers 14h et on a déjeuné mais sans mon frère car il était toujours au boulot.
Le soir j'ai parlé avec ma mère à propos du stage et elle dit qu'elle va voir ce qu'elle pouvait faire. Je me demande bien ce qu'elle pourrait faire , elle qui depuis peu n'a plus d'amie sauf tata sokhna.
Ma famille maternelle composé de ma grand-mère, de la petite sœur de ma mère et de son grand frère avec sa femme,était très aisée. Mais combien de fois mon père a stationné devant la porte une voiture remplie de denrées alimentaires ? Combien de fois? Je ne saurais dire mais maintenant ils incitent tous ma mère de divorcer. Aucun respect ! À croire que mon père est un criminel. Je disais à ma mère de prendre sur elle, que tout finira par aller bien.
La famille de mon père c'est une longue histoire. Mon père est orphelin de père et de mère. Il a des oncles et tantes mais chacun d'eux a formé sa famille. Comme bon nombre de gens ici la famille c'est juste mari femme et enfant. Et la belle famille ? Et la famille en elle même ? Nos soeurs?nos frères ? Nos tantes ? Les cousins ? À croire qu'on aime son conjoint mais on ne peut en aucun cas blairer ses proches.
Mon père avait une sœur, elle travaillait dans une autre ville. D'ailleurs c'était la seule qui venait voir papa et lors de ces visites on dirait l'homme le plus heureux au monde. Qu'a ton de plus que sa famille ?
Jamil m'a appelé avant que j'aille au lit. Le lendemain il m'a invité à " trainer " a-t-il dit.
Le lendemain je me suis levé tôt pour accompagner aida au marché. À notre retour je lui ai dit que j'allais cuisiner. Ce n'est pas qu'une personne est gentille qu'on devrait en profiter. J'ai alors préparé le dejeuner.
C'est vers 17h que Jamil est passé me pendre. J'avais pas d'argent mais quand même mes habits étaient toujours intacts.
- on va où ?
- bah tu veux aller où ?
- aucune idée heu on doit trainer non ?
- trainer avec une voiture ?
- et si on allait à la plage
- à cette heure y aurait sûrement beaucoup de monde.
- fais moi confiance.
On a acheté en route des choses à grignoter puis il a conduit jusqu'à la plage. Il a stationné près d'une boutique d'été avant de m'emmener dans " son coin " a-t-il dit. Et oui c'était désert les rares passants qu'on voyait etaient entrain de faire leur jogging. Sans même penser à nos habits, on a pris place à même le sol.
- tu vois ici y'a pas beaucoup de monde. Et on est tranquille.
- c'est vrai.
- tu vas pas te baigner ?
- heu non et j'ai même pas de maillot. Dis le procès ça se passera bien ?
- tu veux vraiment qu'on parle de cela ? Demanda t-il?
- je veux savoir.
- moi j'ai confiance. Pour le moment mon associé dans cet affaire est entrain de convaincre certains employés de témoigner pour ton père et pour le moment on a qu'un seul témoignage. On fera notre possible. Tu retrouvera bientôt ton père.
J'aimerais que cela soit vite. Qu'il sort vite car j'avais besoin de lui. J'avais vraiment besoin de mon père.
- il te manque ?
- beaucoup trop. Sans lui j'ai l'impression que rien ne va. il me disait que j'aurai une bonne place dans l'entreprise. Là tout mes projets sont à l'eau. Je n'ai même pas pu avoir un stage.
- mais tu t'es spécialisé en quoi ?
- dans l'étude financière et la comptabilité.
- l'étage en dessus est un entreprise qui recrute des Analyste Risques, Auditeur financier, Conseiller clientèle et des experts comptables. Je pourrais te trouver un stage là-bas. Je connais très bien le directeur.
- tu feras ça pour moi ?
- tu sais je suis un peu vexé que tu ne me l'ai pas dit avant. Je t'ai dit que je suis ton grand frère, ton confident. Tu peux me dire tout ce qui te tracasse. Vu que tu refuse que je t'aide financièrement je pourrais au moins t'aider dans ta vie professionnelle.
- merci beaucoup Mustafa.
- je m'appelle Jamil.
- moi je préfère Mustafa ou même Mustafa Jamil Amar.
- ça me rend plus vieux ce nom.
- en tout cas moi j'adore ça sonne classe " Mustafa Jamil Amar, Mustafa Jamil ...
Je me suis emporté dans un fou rire et il m'a suivi. J'adorais ces moments que je partageais avec lui. Avec lui on se prenait pas la tête.
Vers 19h on a repris le chemin du retour.
Quand je suis revenue ma mère a insinué qu'il y'avait quelques choses entre Jamil et moi. Je me demande où elle est allé chercher tout cela. Moi et Jamil? La grosse blague.
Le lendemain après la descente j'ai reçu un SMS de Jamil pour me dire que le stage était dans la poche. Je n'ai pas pu m'empêcher de crier ce qui a attiré les regards de la bande D'aby. Je voulais esquiver mais trop tard elles étaient déjà à mon hauteur.
- on t'as dit que ton escroc de père est sorti c'est pourquoi tu cris comme une folle...me lança Aby
- je te permet pas d'insulter mon père.
- sinon tu vas faire quoi ?
- elle va peut-être nous voler en guise de punition.. Dit l'une d'elles.
- et on va la jeter en prison.. Ajouta mon ex meilleure amie.
- je vous permets pas.
Je levais ma main en ayant l'intention de lui donner une gifle mais Aby me lança son sac sur la figure et comme chose ressemblant à du métal a atterri sur ma tempe.
Elles ont pris jambe à leur coup. Je ne pouvais plus rester debout. J'avais des vertiges. Je suis tombé sur le sol car je pouvais plus tenir debout. Un jeune homme qui était là m'a aidé et il m'a emmené jusqu'à un banc à l'intérieur de l'école.
- vous prenez un taxi ?
J'avais pas assez d'argent pour espérer prendre un taxi. Je l'ai donné mon téléphone et je lui ai dit d'appeler le numéro de Jamil.
Quelques minutes après il est venu tout inquiet.
- merci monsieur de m'avoir appeler
- c'est normal.
- qu'y a-t-il Kiné ?
Je voulais répondre mais j'ai commencé à pleurer.
Il prit mon sac et me conduit jusqu'à sa voiture.
- je comprend que tu ne veux pas parler. Tu parleras quand tu sera prête... Dit-il en m'ouvrant la porte...
A suivre...
Histoires courtes par: Breton EK
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