J'ai rencontré Jules à l'université. On était dans la même promo. A l'époque, je l'avais trouvé très mignon à regarder mais plutôt à éviter : il était réputé pour tenir un tableau de chasse et moi j’étais archi timide. Mais un jour, notre prof de droit administratif était absent et on était visiblement les seuls à ne pas être au courant. On s’est retrouvés tous les deux devant l’amphi, vide, et on a décidé d'aller boire un café. Ça, c'était il y a plus de quinze ans. Depuis, on ne s'est pas quittés et aujourd'hui encore Jules est mon amant, mon meilleur ami, mon coach de vie, mon plus grand fan et depuis peu, le père de notre enfant.
Avant lui, j'avais enchainé les relations moisies, toujours sur le même schéma. J'étais super fleur bleue, du coup, à chaque fois que j'avais un nouveau mec, j'avais l'impression que c'était le bon, l'amour avec un grand A, juste parce qu'il avait fait attention à moi. Résultat : je me surinvestissais dans toutes mes relations amoureuses, même celles que je savais sans lendemain ou les coups d'un soir. À chaque fois évidemment, le mec partait et moi, j’avais l'impression que je ne m'en remettrais jamais. Avec le recul, ça me fait sourire. Ce n'était évidemment pas de l'amour, juste l'envie d'être aimée.
Pour Jules, j'ai réagi comme avec tous mes autres mecs avant lui. J'ai été tout de suite à fond. C’était sûr, c'était lui, c'était l'homme de ma vie... Mais cette fois-là, c’était vrai. Mais est-ce que je m'attendais à ce qu'on vive ensemble dans trois pays différents, qu'on aille au bout du monde, qu'on fasse un enfant et surtout qu'on s'aime après quinze ans comme au premier jour ? Non.
Ça a tout de suite été sérieux pour moi. C'est simple, la première fois qu'on s'est embrassés sur les marches de la bibliothèque, j'ai complètement craqué. Je ne voulais plus rien d'autre, que lui. Pour Jules, un peu moins. Et puis, on est parti ensemble à l'ile de Ré, dans la maison de ses grands-parents. Il m'a prévenue de me tartiner de crème solaire, ce que je n’ai évidemment pas fait.
Résultat : j'ai attrapé le coup de soleil de ma vie et il s'est retrouvé après 15 jours de relation à tartiner mes cloques de Biafine et à se trimbaler partout avec une copine en mode Malabar bigoût. Et c'est là qu'il est tombé amoureux.
"Pour moi, le secret d’une relation qui fonctionne, c’est la patience"
On a emménagé ensemble au bout d'un an, après avoir vécu une relation à distance. J'étais partie en Angleterre pour finir mes études. On se voyait une fois par mois, pas plus, parce qu'on était tous les deux complètement fauchés. Mais quand je suis revenue, il n’y avait plus moyen qu'on attende. On était toujours aussi fauchés, mais on s'est installés dans un appart de 20m2 à Paris. On mangeait des pâtes à tous les repas, mais on était heureux.
Comme cela fait très longtemps qu'on est ensemble maintenant, on a vécu pas mal d'épreuves. Les échecs professionnels quand Jules a créé sa boite, quand j'ai fait un burn-out, les problèmes de santé où il a failli y rester, les problèmes pour avoir un bébé, où pendant quatre ans, il a été chaque jour à mes côtés en me disant « t'inquiète, on va finir par y arriver ». Tout cela, ça nous a permis d'être résilients ensemble, de nous aider chacun à nous relever quand l'un de nous avait décidé que non, cette fois-ci c'était trop dur.
Cela fait des années que Jules me dit dès que j'ai un doute, une peur, une angoisse : « Ne t'inquiètes pas, tant que je suis là, il ne peut rien t’arriver. » Et c'est vrai. Aujourd'hui, je sais que grâce à lui et à nous, j'ai pris confiance en moi. Je ne suis plus celle qui a besoin d'être aimée, mais celle qui a appris à s'aimer elle-même parce qu'elle a découvert sa valeur dans le regard de la personne qui lui est le plus chère. Chaque épreuve que nous avons traversées a nourri cela : je n'ai peur de (presque) rien, je sais qu'on est forts, j'ai hâte de savourer ce que la vie nous réserve.
Pour moi, le secret d’une relation qui fonctionne, c’est la patience. Il nous a fallu du temps à chacun pour nous dévoiler à l’autre, avec nos faiblesses et nos fractures. Et pourtant, c'est seulement quand on arrive à admettre que l'autre peut nous aimer malgré nos défauts, qu'on peut vraiment être heureux. C'est à ce moment-là qu'on peut enfin arrêter de faire semblant d'être quelqu'un d'autre, se regarder avec bienveillance et s'aimer soi-même. Cela prend du temps, mais pour moi, on ne peut pas être heureux avec quelqu’un, si on n'est pas heureux avec soi. Tout simplement.
source: https://www.cosmopolitan.fr/ces-histoires-d-amour-qui-donnent-envie-d-y-croire,2034674.asp
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